Bonjour,
Quelle instruction à quel âge ?
Commençons par une définition de l'instruction : Je propose :
- apprentissage de connaissances formelles.
Car apprendre, il est clair qu'un enfant le fait dès sa naissance : ses sens sont moins performants que ceux de l'adulte, mais contrairement à l'adulte, il en fait un usage intensif.
Apprendre, c'est mémoriser des connaissances. Donc, faire usage de ses mémoires, et celles du nouveau-né étant presque vides, il ne manque pas de place pour de nouvelles acquisitions.
Mais apprendre, c'est mémoriser en faisant usage de l'attention, or celle du jeune enfant est fluctuante : il n'en a pas la maîtrise ; il ne dirige donc pas ses apprentissages qui dépendent directement de l'environnement dans lequel il est placé, et de ce qui attirera son attention dans cet environnement.
Donc, pour en revenir à l'instruction, et donc à des apprentissages formels (parler, lire, écrire, compter ...), pour celui en charge de l'instruction, cela revient à focaliser l'attention de l'enfant sur ces connaissances formelles en mettant en oeuvre une stratégie visant à l'acquisition pérenne de ces connaissances formelles.
Techniquement, cela revient à tenter de focaliser l'attention (gros point stratégique : la motivation), et à mettre en oeuvre les capacités cognitives de l'enfant, (encodage, mémorisation).
A ce niveau basique : focalisation de l'attention/encodage/mémorisation, il semble qu'on puisse intervenir très tôt, car les mémoires prioritairement concernées par l'instruction (mémoire visuelle et mémoire auditive) sont disponibles dès la naissance, comme la capacité à encoder et mémoriser.
Mais dès que l'on souhaite passer au niveau supérieur, celui de la compréhension (apprentissage de relations), ça se complique.
Ainsi, s'il semble aisé d'apprendre très tôt à un enfant à associer un son à un graphisme (l'alphabet), il est moins évident qu'il puisse acquérir précocement la relation qui unit une consonne et une voyelle pour former une syllabe. On peut bien sûr contourner la difficulté en lui apprenant toutes les syllabes sans utiliser la relation. Ce qui revient alors, plutôt qu'à lui faire apprendre 5 voyelles et 21 consonnes puis une relation, à lui faire apprendre 5 voyelles, 21 consonnes puis une petite centaine de syllabes.
Fastidieusement inutile.
Si j'évoque cette absurdité, c'est pour étayer le fait qu'instruire un enfant, c'est d'abord accompagner son développement cognitif, lequel tirera parti d'être stimulé, mais certainement pas d'être surchargé.
Le développement cognitif d'un enfant, on a en gros une idée de ce à quoi ça ressemble (merci Piaget and co), il reste cependant à appréhender le développement cognitif de notre enfant dans ses spécificités pour affiner notre méthodologie pédagogique (capacité précise de sa mémoire de travail, facilité d'encodage, vitesse d'usure en mémoire et donc stratégie de rappels, prévalence des mémoires visuelle ou auditive, etc ...) et évaluer ainsi la pédagogie qui semble adaptée à notre enfant, en veillant cependant à ce que l'instruction ne fasse pas d'ombre aux apprentissages en général, et, sur le plan motivationnel, à ce qu'elle reste appréciée par l'enfant. Et bien sûr, à relever et suivre les évolutions, qui surviennent souvent de manière subite !
Donc, selon moi, on peut commencer tôt, il y a peu de risques de perturber le développement de l'enfant, mais il serait parfaitement vain de vouloir aller plus vite que la musique (le développement cognitif de l'enfant), et le risque réel réside dans un risque de dégoût de l'enfant pour l'instruction si une demande trop élevée de l'instructeur place régulièrement l'enfant en situation d'échec.
Donc, si on commence tôt, il vaut mieux être patient, souvent. Disons encore plus que s'y on s'y prend plus tardivement.
J'ai entendu parler de méthodologies américaines visant à bombarder le très jeune enfant en profitant de sa capacité associative. Je suis réservé sur l'intérêt d'y procéder, car je m'interroge sur l'équilibre du développement cognitif ainsi sollicité.