La loi prévoit que l'enseignement soit vérifié. Les tests ne vérifient pas l'enseignement, mais les acquis en fonction du programme de l'Education nationale et la classe d'âge de l'enfant. Les tests ne permettent que très rarement de rendre compte de tout ce qui a été mis en place au cours de l'année, de tout ce qui a été abordé.
Les tests ne sont généralement proposés que pour quelques domaines (le plus souvent Français et Mathématiques, et Langue vivante et Histoire-Géographie lorsque l'enfant a plus de 10 ans). Les tests sont toujours fonction du programme de l'Education nationale et de sa pédagogie. Par exemple, si l'enfant a 6 ou 7 ans, les inspecteurs testeront toujours la lecture et l'écriture, alors que la loi permet aux familles d'enseigner cela à partir de 8 ou 9 ans, ce qui signifie que l'enfant sera mis en échec et la famille aura un rapport négatif. Par contre, si l'enfant de 6 ou 7 ans connaît des principes mathématiques ou a des notions en géographie ou biologie qui ne sont pas enseignés au CP/CE1 dans les écoles publiques, l'inspecteur ne s'y intéressera pas et ne retiendra que le fait que l'enfant ne sait pas lire.
Si la famille a choisi une pédagogie différente de celle de l'Education nationale, il est fréquent que l'inspecteur n'en tienne pas compte dans ses tests ou qu'il la dénigre parce qu'il ne la connaît pas. Par exemple, une famille qui utilise Montessori, et donc beaucoup de manipulations avec un matériel spécifique pourra voir son enfant être testé avec l'impossissibilité (par interdiction, ou plus simplement parce que la manière dont le probllème est énoncé rend l'utilisation impossible par inadéquation pédagogique) d'utiliser le matériel. Autre exemple : un enfant qui n'a jamais été scolarisé ne connaît pas le jargon de l'Education nationale et donc ne pourra pas comprendre ce qu'un inspecteur lui demande alors qu'il sait faire ce qui est demandé. Souvent la famille est amené à traduire le verbiage de l'inspecteur, et l'inspecteur en conclue souvent que l'enfant ne sait pas alors qu'il s'agit simplement d'une mise en oeuvre pédagogique différente, et donc d'un vocabulaire différent.
En milieu scolaire, les enfants sont testés sur des notions qu'ils ont vues récemment (moins de deux mois en général), avec des mots et une manière de procéder qui sont les mêmes que ceux avec lesquels ils apprennent. Lors du contrôle pédagogique pour l'IEF, les enfants sont testées sur des notions qu'ils peuvent avoir vues il y a plus de 6-12 mois ainsi que sur des notions qu'ils n'ont pas encore vues. Ils sont toujours testés avec la pédagogie de l'Education nationale qui peut être très différente de celle de la famille, et ce simple changement peut mettre les enfants en difficultés.
De plus, les enfants scolarisés sont testés par des personnes qu'ils connaissent en un lieu qui leur est familier. Les enfants instruits en famille sont testés par des inconnus, et parfois en un lieu tout aussi étranger.
La situation de tests n'est pas du tout la même entre celle que vivent les enfants scolarisés et les enfants instruits à domicile. Les conséquences ne sont pas du tout les mêmes non plus.
La loi prévoit que ce soit l'enseignement qui soit vérifié, et donc que ce soit les adultes qui dispensent cet enseignement qui soient concernés en premier lieu pour en parler. Dans ce cas, que l'enseignement soit jugé conforme ou non, ce sont les parents qui sont responsables du résultats. Lorsque l'enfant est l'objet du contrôle (et non plus l'enseignement), ce sont ses résultats qui sont jugés, et donc c'est l'enfant qui porte la responsabilité de la réussite ou de l'échec. C'est une responsabilité très lourde pour un enfant, d'autant que les conséquences peuvent elles aussi être lourdres en répercussion sur la vie de l'enfant et de sa famille. S'il y a rapport négatif suite à test, c'est l'enfant qui en sera responsable et qui en portera la culpabilité, quoi que lui disent ensuite les adultes (le "e nc'est pas ta faute" est rarement assimilé tel quel par les enfants).
Et je ne parle même pas des familles qui ont choisi de ne jamais mettre leur enfant en situation d'être jugé, mesuré, évalué, et qui ont choisi de ne pas scolariser notamment par refus de ce système de comparaison systématique (avec les autres, ou plus simplement avec le programme ou les attentes du professeur) : pour ces familles, les tests sont complètement hors de propos, et l'enfant n'en ayant jamais faits pourra être complètement déstabilisé par cette procédure qui ne respecte pas les choix éducatifs de la famille et qui le met en situation de devoir prouver non seulement ce qu'il sait, mais aussi que ses parents s'occupent bien de lui. Ce dernier point est également valable pour tout enfant instruit à domicile, indépendamment des choix éducatifs de la famille : l'enfant devient responsable du jugement que va porter l'inspecteur.